Les transformations de l’économie induisent une complexité croissante dans la supply chain. D’une part, la mondialisation a apporté de la complexité en éloignant géographiquement les clients finaux des entreprises produisant les biens de consommation. D’autre part, les nouvelles habitudes de consommation et l’explosion du e-commerce entraînent le besoin pour beaucoup d’entreprises d’avoir une supply chain agile, intégrant de nouveaux canaux donc une nouvelle organisation. Enfin, l'avènement de la distribution omnicanale entraîne un degré de complexité supplémentaire et un besoin de transversalité et de collaboration entre les différents services de l’entreprise pour permettre une relation client fluide. Déjà 90% des entreprises explorent ou mettent en place une approche “direct to consumer” dont 40% en omnicanal.
La supply chain, de par son aspect transversal à l’entreprise et son éco-système, a été identifiée chez 51% des répondants comme levier principal dans la transformation de leur business pour répondre aux nouveaux enjeux de l’économie vus précédemment. Elle joue un rôle proactif dans la transformation du business. D'ailleurs, la moitié des entreprises ont déjà intégré la fonction Supply Chain au Comité Exécutif ou au Comité de Direction de leur organisation.
Dans ce contexte, 3 facteurs de la transformation digitale des supply chains ont été identifiés:
Définir les chantiers prioritaires dans la transformation digitale n’est pas toujours évident mais pour 2020, 47% des entreprises prévoient d’investir en priorité sur la collaboration et le développement de l’agilité tout au long de leur supply chain.
Mieux collecter et échanger les données, améliorer la traçabilité et mieux planifier tout au long de la supply chain sont les 3 chantiers identifiés par les entreprises comme prioritaires. Ensuite, en second lieu, on retrouve la gestion de la relation client, l’analyse des données et la robotisation.
Dans les faits, on observe 4 grands chantiers de digitalisation des supply chains dejà mis en oeuvre ou en cours de mise place:
La collecte des données se voit renforcée ces derniers temps par le développement des projets IoT, permettant une collecte automatique des données sur les flux et les actifs de la Supply Chain. Alors que 5% des entreprises des outils IoT opérationnels, 24% annoncent avoir des projets opérationnels ou en cours et 40% investiguent le sujet sérieusement.
Concernant les échanges de données, il apparaît que les échanges automatiques avec les clients et les fournisseurs sont déjà opérationnels. 46 % des entreprises ont mis en oeuvre des API permettant une meilleure collaboration entre les systèmes et 40% se basent sur les solutions EDI. 21% des entreprises annoncent avoir un projet de blockchain pour leurs échanges de données, séduites notamment par son potentiel de renforcement de la sécurité. Elle ne semble cependant pas pertinente pour 40% des sondés.
Cette collecte et ces échanges de données permettent d’améliorer considérablement la traçabilité et les visibilité sur l’ensemble des flux. Néanmoins, seulement 14% des entreprises ont des échanges de données entre systèmes d’informations en temps réel. Ce qui paraît faible étant donné le besoin de réactivité.
Aujourd’hui, aucune entreprise ne considère être capable de gérer l’ensemble des données collectées avec la bonne qualité et la fréquence requises.
Pour 78% des sondés, l’utilisation de l'intelligence artificielle (IA) pour structurer toutes les données générées tout au long de la supply chain apparaît comme un must afin de fluidifier la supply chain. D’une part, parce qu’elle permet une prévision plus fiable et fine et d’autre part, elle permet de modéliser des organisations complexes. 12% des entreprises sont d’ailleurs déjà opérationnelles sur des projets d’IA.
Le Sales & Operation Planning (S&OP) est un processus de collaboration structuré qui réunit mensuellement les différents acteurs impliqués dans la supply chain pour définir les appros, les objectifs de production et la distribution. La quasi-totalité des entreprises de l’étude utilise cette pratique mais seulement 13% l’ont étendu à leurs principaux fournisseurs et partenaires alors que la maîtrise de la chaîne de valeur de bout en bout est devenu un élément fondamental pour en garantir la fluidité.
L'automatisation et la robotisation des opérations sont des chantiers déjà bien avancés puisque 60% des entreprises ont déjà mis en place des processes automatisés pour le traitement administratif (RPA) et 50% pour les processes physiques comme la production, la magasinage ou la manutention (LMRA).
Dans ce contexte, l’introduction de l’impression 3D dans les processus de production est opérationnelle pour 30% des entreprises alors que 42% n’ont pas trouvé d’application pertinente.
Les principaux freins rencontrés par les entreprises dans la transformation digitale de leur supply chain sont :
Cette transformation digitale est nécessaire. Elle représente un véritable avantage concurrentiel pour les entreprises la réussissant. En effet, pour 71% des entreprises, la Supply Chain digitale sera clé dans la conquête de nouveaux marchés et le développement du CA. Pour 58% des répondants, la supply chain de demain permettra même d’améliorer la rentabilité de l’entreprise. Par ailleurs, 66% voient la supply chain du futur beaucoup plus interconnectée à travers le monde par rapport à aujourd’hui où les supply chains fonctionnent encore beaucoup en silos.
En résumé, on voit que les entreprises ont globalement compris que la digitalisation était incontournable pour répondre aux nouvelles attentes des consommateurs . Les organisations sont obligées de s’adapter à de nouveaux modèles économiques et c’est par la transformation digitale de la Supply Chain qu’elles répondront aux enjeux de ces nouveaux modèles. De nombreux chantiers sont en cours mais beaucoup de difficultés sont rencontrées par les organisation à cause de projets complexes, chers, entraînant souvent des changements structurels mal perçus au sein des organisations.